Mésange bleue © Michael Gerber

La mésange bleue

Sautillant d’une branche à l’autre, l’agile petite mésange bleue zinzinule gaiement dès les premières belles journées hivernales. Il n’est pas rare de la voir agrippée, tête à l’envers, en train d’inspecter les rameaux en quête de pucerons, jeunes bourgeons et autres délicatesses. Si elle s’installe chez vous, elle paiera son dû en vous débarrassant de nombreux insectes qui se régalent de vos plantons. Accueillez-là donc comme il se doit en lui offrant quelques buissons indigènes !
 


Dans les jardins suisses

Une petite boule de plumes bien utile
Les mésanges bleues sont les alliées non seulement des jardiniers amateurs, mais également des agriculteurs et des sylviculteurs. Des expérimentations récentes ont prouvé que la présence de mésanges bleues et autres oiseaux insectivores permet de réduire de plus de 50 % les populations d’insectes ravageurs en forêt. Les mésanges bleues sont en effet friandes de tordeuses du chêne (une espèce de lépidoptère qui défolie les chênes) et autres chenilles et larves « nuisibles ».

Comment la favoriser ?
Planter une haie, riche de 5 à 6 espèces de buissons épineux et arbustes indigènes, assurera une source de nourriture aux mésanges bleues et à plusieurs autres espèces tout au long de l’année. Les haies en fleur attireront pucerons, chenilles et insectes pollinisateurs dont se régaleront les mésanges à la belle saison. Dès la fin de l’été et jusqu’à la fin de l’hiver, ce sont les grappes de baies qui feront le festin de nos amis à plumes. Il est important de sélectionner les essences que l’on plantera en fonction de leur période de fructification, qui doit si possible être décalée afin d’assurer une source de nourriture jusqu’à la fin de l’hiver. Planter quelques sureaux et cornouillers sanguins qui murissent dès la fin août en association avec des troènes dont les baies subsistent jusqu’à février et des buissons épineux comme le prunellier et l’églantier est optimal.

Poser des nichoirs de taille adaptée (voir fiche pratique) est une autre bonne mesure qui permet de pallier au manque de cavités de nidification. Attention cependant à les placer hors de portée des chats domestiques, sous peine d’être contre-productif.

Pour plus de conseils sur l'aménagement d'un jardin accueillant pour la petite faune, consulter notre page « La nature près de chez soi ».

Une hausse réjouissante des effectifs
Les populations de mésanges bleues sont en légère augmentation à travers toute l’Europe. En Suisse, on dénombre entre 160'000 et 300'000 couples nicheurs. Cette espèce profite de sa faculté d'adaptation à la présence humaine et est peu exigeante tant au niveau de son alimentation que de son habitat. Elle compte régulièrement parmi les dix espèces les plus fréquentes dans les jardins recensés aux cours de l’action « Oiseaux de nos jardins », avec une présence variant entre 50 % et 60 %, selon les années.
 


Portrait

Un caractère bien trempé
La bien nommée mésange bleue se reconnaît à sa calotte, ses ailes et sa queue d’un magnifique bleu vif. Bien que la couleur de la tête des mâles diffère de celle des femelles, nous sommes incapables de le percevoir. Cette différence n’est en effet visible que dans le spectre des UV que les oiseaux, contrairement aux mammifères, voient. Plutôt menue, l’air timide avec sa tête enfoncée dans les épaule, cette petite boule bleue est pourtant loin de se laisser marcher sur les pieds. Elle peut faire preuve d’une grande agressivité envers quiconque pénètre sur son territoire, ou tenterait de la baguer… 

  

© Michael Gerber : Les juvéniles (à gauche) se reconnaissent à leurs joues jaunes et à leur plumage moins contrasté que celui des adultes (à droite).

Des nids parfumés
L’espèce cavernicole s’installe de préférence dans des cavité à ouverture étroite, afin d’éviter toute concurrence avec la mésange charbonnière. Elle occupe également volontiers les nichoirs.
La femelle construit un nid à base de mousse, agrémenté d’herbes sèches − souvent aromatiques car elles ont des propriétés antifongiques et antiseptiques - et de plumes ou/et de poils. Elle y pond de 9 à 13 œufs blancs parsemés de tâches rousses qu’elle couve seule. La répartition du travail veut que le mâle se charge, lui, de défendre le territoire et de ravitailler la petite famille.

Une espèce de basse altitude
La mésange bleue aime les forêts de feuillus et tout particulièrement les chênaies. Il est pour cette raison rare de la voir à une altitude élevée, là où les conifères dominent. Elle s’adapte par contre très bien au milieu habité, pour autant qu’il y subsiste un certain nombre d’arbres et arbuste indigènes. 

Un festin de chenilles
Les insectes, riches en protéines constituent le gros de son apport alimentaire au printemps et en été. Elle cherche tout particulièrement les chenilles de lépidoptères, dont elle nourrit ses petits. Au début du printemps, il n’est pas rare de la voir la tête à l’envers, accroché à un rameau en train de le scruter en quête de jeunes bourgeons. Dès la fin de l’été et jusqu’au retour des beaux jours, elle se tourne vers une alimentation végétale, à base de diverses baies et graines. Elle vient volontiers picorer à la mangeoire et apprécie particulièrement les graines de tournesol et de chanvre. 

   

© Albert Krebs. Le régime de la mésange bleue varie d'une saison à l'autre. Majoritairement insectivore au printemps et en été (à gauche, chenille de piéride du chou), elle se nourrit surtout de baies indigènes en automne et en hiver (à droite, baies d'églantiers).
 


Chant

Les balades lors de belles journées hivernales sont l’occasion parfaite d’entendre le chant le plus connu de la mésange bleue : quelques notes aigües suivies d’une trille rapide. Avec le retour des migrateurs, son chant grêle se perçoit de moins en moins, noyé dans la chorale printanière. Moins inventive que sa cousine la charbonnière, elle émet tout de même huit chants différents.