Il se donne du mal pour nous impressionner, l'étourneau sansonnet : paré d'habits irisés, il offre ses spectacles aériens et vocaux à l'envie. Ses airs de roi de la disco et ses talents d'artiste-imitateur n'ont pourtant pas raison de sa mauvaise réputation. Oiseau grégaire par excellence, on redoute de voir ses nuées s'approcher de nos cultures et de n'en faire qu'une bouchée. Il est temps de réapprendre à aimer cet oiseau fascinant qui, au-delà des quelques dégâts qu'il occasionne, assure des services écosystémiques de grande qualité.
Dans les jardins suisses
Un mal-aimé
L'étourneau souffre de l'image de déprédateur et de délogeur qu'on lui attribue. S'il est certes vrai que son arrivée en bande est parfois synonyme de razzia, l'installation de filets de protection permet de réduire considérablement l'ampleur des dégâts. Les services écosystémiques qu'il rend sont quant à eux trop peu mis en avant. Les voraces étourneaux sont d'une efficacité redoutable lorsqu'il s'agit de manger des insectes. Ils contribuent ainsi significativement à réguler les effectifs d'insectes nuisibles dans les jardins et les cultures. Leur action ciblée est bien plus recommandable que l'usage de pesticides dont les résidus finissent indéniablement dans nos assiettes.
Préservons nos vieux arbres
S'ils sont parfois un peu brusques et délogent les petits passereaux comme les mésanges des nichoirs, c'est qu'il leur manque à eux aussi des sites de nidification adaptés. Il est important de préserver les grands et vieux arbres et de planter des espèces indigènes dont les cavités nombreuses représentent autant de sites de nidifications potentielles pour les étourneaux, pics, mésanges et autres oiseaux cavernicoles.
Les filets de vigne, des pièges potentiels
La pose de filets est un moyen efficace pour éviter que les fruits des vergers et des vignobles ne finissent dans les estomacs de nos amis à plumes plutôt que dans les nôtres. Il est cependant essentiel de veiller à les installer de manière correcte, selon les directives d'Agroscope, afin d'éviter que les hérissons et les oiseaux ne se prennent dans les mailles et meurent d'une lente agonie. Un filet bien posé se présente ainsi :
- Il est bien tendu et solidement fixé à plusieurs point d'attache
- Il ne touche pas le sol
- Il a une couleur claire et voyante
- Le filet est souple et la taille des mailles ne dépasse pas les 40 mm
- Il est régulièrement contrôlé
- Il est démonté dès la récolte
Il est très important de signaler tous les cas contrevenants à ces directives aux gardes-chasse. Pour plus d'informations, consultez notre page sur les filets de vigne.
©Ludovic Longchamp : Les filets de vigne lorsqu'ils sont installés de manière inadéquate (comme sur la photo ci-dessus) représentent un réel danger pour les hérissons et les oiseaux qui risquent de se prendre dans les mailles et de mourir d'une lente agonie.
Un oiseau commun en déclin
L'étourneau sansonnet mérite toute notre attention non seulement car il est fascinant, mais surtout car ses effectifs semblent en déclin à travers l'Europe. Lors des diverses éditions de l'action « Oiseaux de nos jardins », l'étourneau était présent en moyenne dans 40 % des parcs et jardins recensés.
Portrait
Plus scintillant qu'une boule à facettes
Si au premier coup d'oeil on pourrait le confondre avec le merle, les reflets irisés de son plumage et son comportement grégaire lèvent rapidement le doute. En période nuptiale, mâles et femelles présentent un plumage noir brillant aux reflets métallisés bleu-vert ou violets. En automne, les plumes sont en revanche uniformément noires à l'exception des pointes blanches qui donnent aux oiseaux un aspect moucheté typique. Les étourneaux se reconnaissent facilement en vol grâce à leur silhouette d'avion de chasse : ailes longues et pointues et queue courte.
© Michael Gerber : En automne, les étourneaux présentent un plumage noir moucheté de nombreuses taches blanches (gauche) alors qu'en période nuptiale leur plumes noires se teintent de reflets métallisés (droite).
Jamais seul
Les étourneaux sansonnets doivent leur notoriété à leur instinct grégaire. Dotés d'une cohésion de groupe hors du commun, ils se regroupent en formations compactes et se déplacent en vol tel un seul homme. Il n'est pas rare de les voir former des arabesques aériennes dignes des plus grands artistes. Il est également très intéressant de se pencher sur le comportement migratoire bien particuliers que les jeunes adoptent. En effet, ces derniers s'envolent au début de l'été vers les mers du Nord et Baltique, à l'opposé de leurs quartiers d'hiver. Une fois arrivés là-bas, ils inversent leur trajet et entament la migration à proprement parler pour rejoindre leurs ainés sur le pourtour méditerranéen et y passer l'hiver.
Chant
L'étourneau sansonnet est parfois redouté des ornithologues débutants qu'il induit souvent en erreur. Cet oiseau fascinant à plus d'un titre est en effet un imitateur hors pair. Il s'amuse à imiter à sa guise le chant des autres espèces. Ses capacités cognitives élevées lui permettent en plus de mémoriser de nombreux autres bruits et de les restituer. On peut ainsi entendre des étourneaux qui imitent des timbres de voix humaine, des sirènes d'alarme ou même des grincements de portes.